Brest // Rue de Penfeld \\

Accueil > Mobilisation > Quelles actions et négociations ? > Association "Rue de Penfeld" > Brest doit jouer ses propres cartes

Le regard du maire, François Cuillandre, sur les grands dossiers

Brest doit jouer ses propres cartes

Article paru le mercredi 22 janvier dans Ouest-france

vendredi 24 janvier 2003

Zone portuaire, Penfeld, transports en commun : des dossiers, pour ne prendre que les plus importants, qui vont modeler un nouveau Brest au cours des dix, quinze, voire vingt ans à venir. Maire et président de la communauté urbaine, François Cuillandre est conscient de l’enjeu, comme des limites financières d’une agglomération qui, même si elle ne joue pas dans la même cour que Nantes et Rennes, a en main ses propres cartes.
La première phase du projet « tramway », va bientôt s’achever. Quelles réflexions vous inspirent le débat qui s’est ouvert avec les Brestois et les habitants de la Cub ?

Il y a, en cours, deux procédures parallèles. Le débat public, d’autant plus nécessaire qu’un premier projet de tramway a été rejeté en 1990 par les Brestois, et les études de faisabilité que nous avons confiées à un cabinet spécialisé. Il ne faut rien précipiter. L’axe nord-sud a pris huit ans. Là, il en faudra dix. D’abord, on en parle ; on réfléchit. Partout, on est contre avant et, après, on est pour. À 100 %. Regardez ce qui s’est passé à Nantes et à Rennes. Pour le moment, dans les réunions, ce sont surtout les opposants qui s’expriment. Mais le dialogue s’installe. Je suis persuadé que la création d’un transport en commun en site propre, tram ou autre, c’est important pour l’agglomération. C’est valorisant. Le bus, on le constate aujourd’hui, a ses limites. Il n’a pas la même attractivité. Les études nous donneront des données qui nous permettront de savoir où nous allons. J’espère qu’elles cadreront avec nos moyens. Nous ne nous lancerons pas dans un chantier pareil à n’importe quel prix. Mais la décision finale ­ procédure oblige ­ ne sera pas prise avant 2005-2006.

Le dossier Penfeld donne l’impression de piétiner. On sent percer quelques impatiences. Où en sont les tractations avec l’État ?

Il a trois dossiers en un. Là aussi, c’est compliqué et c’est long. Mais un grand pas a été fait, juste avant les élections. L’ancien gouvernement a transformé la « commission Penfeld », présidé par le préfet, en une « mission Penfeld » dont la présidence revient au président de la communauté urbaine. Il a, aussi, désigné un chargé de mission qui connaît bien les rouages. Du coup, ça s’accélère. On travaille sur l’aménagement du port de plaisance du Château, avec une étude en cours sur l’utilité d’un enrochement. On verra, en fonction du coût, si on fait ou pas. Mais, le plus important, c’est le plateau des Capucins, déserté par DCN. Un véritable enjeu en coeur de ville. Un architecte réfléchit à des scénarios qui tiennent compte de la mémoire du lieu. Là encore, on demandera aux Brestois ce qu’ils en pensent. Moi, j’imagine un nouveau quartier urbain avec des logements, des commerces, des activités économiques. Mais, à ce jour, rien n’est décidé. Les discussions se poursuivent avec l’État. À Lorient, il a cédé la base sous-marine pour l’euro symbolique. Nous ne l’oublions pas. Mais, il est vrai que la situation est bien différente chez nous. La Marine nationale est toujours présente et, nous l’espérons, pour longtemps. D’ailleurs, elle n’a pas l’intention de libérer le fond de Penfeld avant 2007-2008.

L’aménagement de la zone portuaire est, lui, en cours. Quelles sont les prochaines étapes ?

D’abord les travaux au port de plaisance, avec cent vingt places supplémentaires. Le dragage commence ces jours-ci. Ils se poursuivront avec les travaux à terre et la fin de l’aménagement du polder. En revanche, le projet de port scientifique, en lien avec Ifremer, a pris du retard. Face au port de commerce, la salle des musiques actuelles est pour bientôt. Dans quelques jours, on choisira l’architecte. C’est un site qui évolue bien. Les Brestois ont pris l’habitude de descendre au port. Pour déjeuner, boire un verre... Malgré l’épine que constitue la zone classée Seveso qui limite les possibilités d’installation, c’est une zone d’activités intéressante.

Après presque trente ans d’existence, la communauté urbaine de Brest correspond-elle toujours aux besoins ou doit-elle évoluer pour garder un rôle moteur ?

Elle a déjà beaucoup évolué au cours de ces dernières années avec le passage à la taxe professionnelle unique et l’intégration de nouvelles compétences. Il faut digérer tout ça. La réorganisation des services, avec la mise en place de sept pôles pour gérer à la fois la communauté urbaine et la ville de Brest doit permettre de rationaliser le fonctionnement et de mieux gérer nos dépenses. Car la situation financière de la CUB, qui n’a pas obtenu de l’État la dotation qu’elle attendait, est tendue. Les investissements, nécessaires, port, technopole, voirie, pèsent lourd. La répartition de la taxe professionnelle entre les villes et la CUB, telle qu’elle est appliquée aujourd’hui, la pénalise. Nous en discutons avec les maires pour que les recettes supplémentaires qui vont dans une proportion de 85 % aux communes soient mieux réparties. Mais, il n’est pas question de modifier son périmètre. D’abord il y a aujourd’hui autour de nous plusieurs communautés de communes. Il y a, aussi, le pays de Brest, qui nous permet de mettre en place entre nous une véritable coopération. Elle sera matérialisée le 22 février par la signature conjointe du contrat de pays et du contrat d’agglomération qui nous apporteront une enveloppe de 13 millions d’euros. Le pays de Brest, c’est l’outil pour créer des schémas cohérents. Je pense aux piscines à mettre en réseau, à la gestion des déchets. C’est aussi une appartenance à une métropole de près de 300 000 habitants que certains dénigrent trop facilement. Ils ont tort. Brest n’a pas à faire de complexes. C’est la dix-septième ville de France. Elle a des potentialités souvent plus appréciées à l’extérieur que chez elle et une qualité de vie que beaucoup aimeraient avoir. C’est vrai, il lui manque une image.

Recueilli par Yves COSSAIS.

Ouest-france

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?